Les voitures d’avant-guerre, ces véhicules produits avant 1939, sont des témoins précieux de l’histoire de l’automobile. Véritables œuvres d’art mécaniques, elles fascinent par leur design, leurs innovations et le savoir-faire de leur époque. Toutefois, leur préservation pose de nombreux défis, notamment en ce qui concerne certains matériaux comme les plastiques.
Bien que peu répandus à l’époque, ces matériaux ont été utilisés pour diverses pièces, notamment les garnitures intérieures et certains éléments extérieurs. Or, leur vieillissement est souvent problématique : ils deviennent cassants, se décolorent ou se détériorent sous l’effet des UV, de l’humidité et des variations de température. Dans cet article, nous allons explorer l’intérêt de ces véhicules, la fragilité de leurs pièces plastiques et les moyens de les préserver.

Les voitures d’avant-guerre : un patrimoine historique à préserver
Les voitures d’avant-guerre représentent un héritage mécanique et culturel unique. Conçues dans une période d’innovation rapide, elles témoignent de l’ingéniosité et du savoir-faire des constructeurs de l’époque. Certaines marques emblématiques comme Bugatti, Delahaye, Hispano-Suiza ou Rolls-Royce ont produit des modèles qui sont aujourd’hui considérés comme de véritables œuvres d’art roulantes.
Outre leur intérêt esthétique et technique, ces véhicules ont une valeur patrimoniale importante. Ils sont le reflet d’une époque où l’automobile était synonyme de prestige et d’excellence artisanale. C’est pourquoi de nombreux collectionneurs et musées s’efforcent de les préserver, mais cette tâche est complexe : ces voitures nécessitent un entretien méticuleux et la disponibilité de pièces d’origine ou de rechange devient un véritable défi.
Les pièces plastiques des voitures d’avant-guerre : des éléments rares et fragiles
Si les voitures d’avant-guerre sont majoritairement constituées de métal, de cuir et de bois, certains plastiques ont fait leur apparition dans leur fabrication, principalement pour des éléments de finition. Parmi ces matériaux, on trouve :
- La bakélite : utilisée pour les boutons de commande, les poignées et certains éléments du tableau de bord. Très dure et résistante à la chaleur, elle est néanmoins cassante et peut se fissurer avec le temps.
- La galalithe : un plastique à base de caséine (protéine du lait), utilisé pour les volants et certaines décorations. Il est sensible à l’humidité et peut se déformer ou se dégrader avec le temps.
- Le caoutchouc vulcanisé : utilisé pour les joints, les soufflets et certaines garnitures extérieures. Il a tendance à durcir et à se craqueler avec les années, surtout lorsqu’il est exposé aux intempéries.
- De nombreux autres exemples sont présentés dans cet article de News D’anciennes
Les pièces plastiques extérieures sont particulièrement vulnérables. Exposées aux rayons du soleil, à la pluie et aux écarts de température, elles subissent une dégradation accélérée. La décoloration, la perte de flexibilité et la fragilité sont les principaux problèmes rencontrés par les restaurateurs et collectionneurs.
Comment préserver et restaurer les pièces plastiques anciennes ?
Face à la rareté des pièces d’origine et à la fragilité des matériaux anciens, plusieurs solutions permettent de préserver ou de restaurer ces éléments :
- Protéger les pièces existantes
- Éviter l’exposition prolongée au soleil en stockant le véhicule à l’abri des UV.
- Appliquer des produits protecteurs (cire, vernis spéciaux, produits anti-UV) pour ralentir le vieillissement.
- Nettoyer avec des produits doux pour éviter d’agresser les plastiques déjà fragiles.
- Restaurer les pièces endommagées
- La réparation de la bakélite peut se faire avec des résines spécifiques ou de la colle cyanoacrylate.
- Le caoutchouc ancien peut être assoupli avec des produits dédiés ou remplacé par des joints refaits sur mesure.
- Certains plastiques peints ou vernis peuvent être rénovés avec un polissage délicat.
- Refabriquer des pièces introuvables
- L’impression 3D permet aujourd’hui de reproduire certaines pièces en plastique avec une grande précision.
- La fabrication artisanale par moulage peut être une alternative pour certaines pièces de décoration.
- Les clubs et associations de passionnés sont souvent une source précieuse d’informations et de contacts pour trouver des pièces refaites à l’identique.
A venir: des projets concrets de restauration de feux de voitures d’avant-guerre
L’un des plus grands défis pour les collectionneurs de voitures anciennes est la préservation et la restauration des feux en plastique, qui souffrent particulièrement des effets du temps. Plusieurs projets sont actuellement en cours pour reproduire ces pièces et leur redonner une nouvelle vie :
Feu arrière de Citroën 5HP : Véritable icône des années 1920, la Citroën 5HP possède un feu arrière en bakélite qui devient extrêmement fragile avec le temps. Son remplacement est difficile en raison de la rareté des pièces d’origine. Un projet est en cours pour en réaliser une reproduction en impression 3D avec une finition proche de l’original.
Clignotant de Citroën Traction Avant : Sur ces modèles emblématiques des années 30 et 40, les clignotants d’origine en plastique se détériorent souvent sous l’effet des UV et des intempéries. Une solution consiste à les restaurer en utilisant des résines modernes qui reproduisent l’apparence et la transparence du matériau d’époque tout en étant plus résistantes.
- Rappel de clignotant d’une Peugeot 202 : Ce projet, qui sera détaillé dans un prochain article, concerne la restauration d’une partie de feu de position/rappel de clignotant d’une Peugeot 202. Les feux d’origine en plastique ont souvent jauni ou se sont fissurés avec le temps. La mission est de refabriquer une pièce fidèle au modèle original tout en utilisant des techniques modernes pour assurer une meilleure longévité.

Ces projets illustrent parfaitement les défis et les solutions liés à la restauration des pièces plastiques de voitures d’avant-guerre. Grâce à l’alliance entre tradition et nouvelles technologies, il est possible de préserver ces véhicules tout en respectant leur authenticité.
Conclusion
Les voitures d’avant-guerre sont bien plus que de simples véhicules anciens : elles sont des témoins vivants d’une époque révolue et un patrimoine précieux à préserver. Parmi les nombreux défis liés à leur conservation, la détérioration des pièces plastiques constitue une problématique méconnue mais essentielle.
Grâce aux avancées technologiques et à l’implication des passionnés, il est possible aujourd’hui de restaurer ou de refabriquer ces éléments afin de prolonger la vie de ces automobiles d’exception. La conservation de ces pièces fragiles contribue à maintenir l’authenticité de ces véhicules et à perpétuer leur histoire pour les générations futures.